Salut à tous,

La semaine dernière m'est venue l'idée farfelue de tester les limites de DCS en reproduisant un engagement de haute intensité dans un contexte guerre froide. Cela a donné lieu jusqu'à présent à deux vols impliquant uniquement des voilures tournantes - des Gazelle M pour être plus précis.

La genèse de ce scénario "ambitieux" est un mélange entre scénario historique (l'affrontement entre forces françaises et anglaises sous les ordres du Colonel De Gaulle et les forces allemandes sous les ordres de Von Manstein) et projections des forces armées US et de la RAND dans les années 80.

Pour les plus curieux d'entre vous, voici le résumé de la situation, des objectifs et des menaces présentes lors de la mission :


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BACKGROUND
A la fin du mois de Juin 1985, les forces du pacte de Varsovie se sont lancées à l'assaut de l'Allemagne de l'Ouest. Malgré les prévisions d'avant-guerre, l'assaut soviétique fut un choc pour les troupes de l'OTAN stationnées en Allemagne et après plus d'un mois de violents combats, force fut de constater que les troupes alliées ne pouvaient plus maintenir leurs positions outre-Rhin.

Un repli général des unités en lambeaux de l'OTAN fut ordonné et une nouvelle position fut établie au nord de la France. Cette nouvelle ligne de front fut également enfoncée par le troisième échelon des forces du Pacte et c'est désormais sur le territoire national qu'un conglomérat de forces françaises, américaines, belges et britanniques affrontent leurs adversaires sur leur dernière position défensive préparée.







OBJECTIF
Le 3ème Corps d'Armée français a atteint sa dernière position défensive il y a moins de 48h. Des travaux de défense sommaires ont été dressé par le génie aidé de la population.

La position d'Abbeville est primordiale et doit être défendue à tout prix. Les ponts de la ville sont les derniers ponts intacts permettant le franchissement de la Somme et les forces soviétiques feront tout pour s'en emparer. La perte d'Abbeville signifierait la perte de toute cette partie du front mais aussi l'ouverture de la route vers Rouen et de là vers l'enveloppement de Paris.

Le bataillon de tête d'un régiment blindé de la RDA s'apprête à lancer un assaut dans votre secteur sur l'axe Gueschart - Noyelle-en-Chaussée - Gapennes - Abbeville. Appuyez nos forces blindées et repoussez cet assaut.

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Soutiens

• 2 X A-10A
• 2 X AV-8B
• Une batterie de 4 pièces d'artillerie disponible sur appel des troupes au sol

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OPFOR
Nos renseignements indique qu'un régiment de catégorie C fait face à nos forces dans le secteur d'Abbeville. Il semblerait que l'Etat-Major ennemi compte sur sa masse pour emporter la décision aux abords de la ville avant de lancer ses forces de catégorie B dans l'exploitation d'une percée.

Les forces ennemies en présence :

• 30 à 50 chars de bataille de type T-55 et T-62
• 50 à 80 transports de troupe de type BMP-1
• 300 à 500 hommes de troupe
• 8 à 10 véhicules de défense aérienne rapprochée de type Shilka

Outre ces effectifs, il est possible qu'un régiment d'hélicoptères d'attaque composé de Mi-24 Hind soit présent dans la zone afin d'appuyer l'attaque ennemie.

Leur secteur arrière doit être considéré comme extrêmement dangereux, en aucun cas de figure vous ne devrez franchir le BUT #02 sous peine d'entrer dans l'enveloppe de tir des nombreuses batteries anti-aériennes et systèmes SAM de courte-portée défendant leurs arrières et leurs points de rassemblement/ravitaillement.
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Comme vous avez pu le lire, la mission a impliqué plus d'une centaine de véhicules blindés comprenant des transports de troupes, des chars de bataille ainsi que les éléments de défense aérienne organiques au bataillon est-allemand. De plus, à l'approche des lignes françaises, les transports de troupe libèrent leur passagers, c'est ici quelques centaines de personnels qui viennent s'ajouter à la masse de l'assaut.

Face à cette débauche de moyens, les troupes françaises ne peuvent opposer qu'une compagnie d'AMX-30B. L'un des meilleurs blindés occidentaux en 1985 mais néanmoins en position extrêmement délicate tant le ratio des forces en présence est à l'avantage du Pacte. Le salut des forces françaises, ou tout du moins l'espoir de sauver les meubles ne peut provenir que du soutien aérien des forces de l'OTAN et de l'ALAT ainsi que d'une batterie d'artillerie.


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RETEX TECHNIQUE (EDITION DE MISSION)

Aussi improbable que cela puisse sembler, cette concentration d'unités n'a pas nui aux performances en jeu. Seul un joueur sur les six présents lors du dernier essai a relevé une dégradation de ses performances sans pour autant l'empêcher de voler, les autres ont pu évoluer sans aucune contrainte technique. Ce constat est la vraie bonne surprise de cette mission peu commune.

L'édition de la mission elle-même s'est révélée plutôt simple (mais fastidieuse au vu du nombre d'unités) et n'a pas nécessité de script. Quelques déclencheurs ont été utilisés afin de pimenter l'action, notamment par l'intervention d'appuis au sol par des appareils soviétiques chargés de bombes à fragmentation et a globalement bien fonctionné. Seul raté, l'absence de réaction de l'artillerie au passage d'unités ennemies dans des zones de tirs préétablies - on m'a conseillé de réaliser des groupes d'artillerie composés uniquement d'une pièce, je dois tester ça cette semaine.

Je suis agréablement surpris du déroulé de la mission et du comportement des IA. Sur une cinquantaine de tests dans mon coin et sur les deux sessions multijoueurs, je n'ai constaté aucune aberration dans l'interprétation des consignes données aux IA. Il y a forcément des différences entre chaque essai/session, mais rien qui ne vient entraver le bon déroulement de la mission.

Ce retour d'expérience technique est succinct tant je suis surpris par le déroulé des missions. Il ne me reste plus qu'à trouver une solution pour effectuer ces barrages d'artillerie et toute la partie édition sera complète.

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RETEX (DOCTRINE)

C'est selon moi la partie la plus intéressante de l'exercice. DCS ne favorise pas forcément les engagements de haute-intensité et le déploiement de nos appareils dans des environnements chargés de menaces. Mon expérience au sein de la 3rd a majoritairement consisté à voler des missions dans un environnement relativement permissif d'un point de vue technologique de l'adversaire - y compris dans les COMAO que nous réalisions encore assez régulièrement avant la pandémie.

En plus de cet aspect résolument tourné vers une action du fort au (plus) faible, nous ne réalisons que très peu, voir jamais, de missions de défense nécessitant de repousser une force (très) nombreuse et de niveau technologique proche, égal ou supérieur.

Je vais certainement enfoncer une porte ouverte, mais jouer la défense est un exercice délicat qui nécessite un ensemble de compétences distinctes qui ne peuvent s'acquérir qu'en jouant ce type de scénario. Les deux vols que nous avons effectué en multijoueurs se sont soldés par un échec ... cuisant. L'approche du champ de bataille, le travail de reconnaissance de positions défensives mais aussi de replis sont des conditions sine qua non à la survivabilité du groupe.

Il conviendra donc de réitérer l'expérience - c'est déjà prévu avec une redite de la mission mardi 2 Novembre - et de tenter une nouvelle approche afin d'aborder le combat plus sereinement et éviter ainsi la perte de 50% ou plus des moyens engagés.

En tant que pilote d'hélicoptère de combat, l'environnement proposé est hautement létal et on ne peut espérer survivre à l'engagement tant la ligne de contact regorge d'ATGM et de manpads. Il est évident que le vol stationnaire alors qu'un bataillon mécanisé se rue vers nos positions n'est pas souhaitable, un appareil stationnaire se fait immédiatement sanctionné par l'envoi d'une demi-douzaine d'ATGM voir plus. Il conviendra donc de rester mobile et de n'effectuer ses attaques qu'en condition dynamique.

De la même manière, l'engagement en situation de face à face ne peut porter ses fruits qu'à court terme. Il sera certainement possible de détruire plusieurs blindés sur une première passe grâce à l'effet de surprise, mais l'expérience nous a montré que les chances de survie à une passe diminuaient proportionnellement au nombre de passages effectués. Il faudra donc prendre pour habitude d'envoyer des voltigeurs sur les flancs de la formation ennemie afin de reconnaître des axes d'attaque plus sûr et moins prévisibles. L'ennemi devra alors soit tourner sa tourelle vers la nouvelle menace et se prêter ainsi aux tirs de nos forces blindés, ou alors nous ignorer pour faire face aux blindés de l'OTAN et nous permettre de les engager en toute impunité. Le but ici est de multiplier les vecteurs d'attaque et compliquer ainsi la tâche aux troupes ENI, quelque soit leur décision, ces dernières devront offrir leur flanc à l'un des groupes les engageant et subir des pertes.

Un constat essentiel relevé lors des deux vols multijoueurs. Les voilures tournantes ne peuvent se suffirent à elle-même dans ce type d'opérations. La présence de voilures fixes est impérative pour augmenter les chances de survie des troupes au sol. Le dernier vol aurait du accueillir à ce titre un AV-8B ainsi qu'un A-10A afin d'apporter un atout de taille aux forces en défense, malheureusement par ma faute, les deux postes ont du rester vacant.

Lors du prochain vol, j'espère voir la présence de 4 appareils, 2 Harrier ainsi que 2 Warthog (ces deux derniers étant déjà booké). J'ai le sentiment que la présence de ces quatre appareils peuvent offrir une véritable chance aux défenseurs de repousser le premier assaut des forces du Pacte.

Cette mission est loin d'être simple et pour être parfaitement honnête, il faudra une sacrée coordination des moyens disponibles pour parvenir à la remplir. C'est aussi ce qui fait son charme à mes yeux.

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Voici quelques captures de la mission qui mettent en avant la carte The Channel sur laquelle s'est déroulée l'action ainsi que les forces françaises inclues dans le FrenchPack. Vous pouvez cliquer pour agrandir les captures


3 ERC-90 traversent le village de Millencourt afin de se repositionner sur une nouvelle position de défense


Un AMX-30B en position "hull down" du peloton Canchy attend patiemment l'arrivée des forces mécanisées ENI


Les forces est-allemandes envoient au devant de leurs colonnes d'assaut des véhicules de reconnaissance BRDM-2


Vue rapprochée de l'une des colonnes d'assaut composée de BMP-1, appuyés par des T-55 et T-62


Vue large sur une partie des forces mécanisées du Pacte. On distingue bien la convergence de deux colonnes vers l'agglomération de Millencourt, centre du dispositif français


Un AMX-30B du peloton Drucat guette en contre-bas d'une ligne de crête l'apparition de blindés adverses. La crête aura coûtée cher au Pacte.


Deux Su-24 chargés de bombes à fragmentation s'alignent pour larguer leur chargement sur les blindés français enrayant l'avance de la force d'assaut principale.


Les blindés français situés dans et autour de Millencourt ont mordu la poussière, la voie est ouverte, les troupes d'assaut est-allemande s'élance vers Abbeville en proie aux flammes, leur objectif.

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Ce message a été modifié par tugais - 26 Oct 2021, 15:12.

Superbe retex

Bien joué
Et ce fut épique


Ce message a été modifié par Kervinou - 26 Oct 2021, 17:19.

Salut !!!
D'abord tu nous a écrit un super Retex !
Ensuite, je crois que ton total d'IA en mission n'est pas si élevé que ce que font certains squads spécialisés Air/Grnd (1300 véhicules dont 900 Eny...), sur l'AMVI il y a de façon régulière plus de 800 véhicules ENY, il me semble donc logique qu'il y ait de la fluidité (modulo la proximité du sol/herbe/arbres et densité graphique spécifiques aux hélicos).
Je voudrais bien, si tu es d'accord, que l'on discute des "options de réglage" pour profiter au mieux des conditions d'engagement, IA/IA et IA/Humains.
Je trouve assez ridicule de voir une IA en T-72 se taper des ABRAMS à la chaine, à niveau égal, parce que sa portée est supérieure, alors même que les combats réels ont montré et démontré l'inverse...
J'ai commencé les tests pour une campagne OPEN-3RD DSMC, avec des formations "standardisées" OTAN/PACTE DE WARSOVIE, en modifiant certaines options on équilibre bien mieux...
Mon but, serait de nous faire rejouer en Syrie "La mère de toutes les batailles", avec ses engagements blindés, et en limitant les Triggers... 4 missions, pour à peu-près coller aux 4 phases.
Je suis en vacances et je rentre le 1er, mais ici, j'ai Discord et ma doc... Donc, si tu as un peu de temps...

Ce message a été modifié par Lynx - 26 Oct 2021, 17:29.

Salut Lynx,

Aucun soucis pour discuter de tout ça avec toi, bien au contraire ça me fera plaisir d'échanger sur le sujet.

Si tu me vois connecté l'après-midi sur Discord n'hésites pas à m'interpeller !

J'aime tellement lire tes réflexions !

Déjà à l'oral c'est toujours d'une justesse incroyable, mais en plus à l'écrit c'est encore plus merveilleux. Je te rejoins totalement sur l'absence d'expérience quant à la tenue du rôle défensif. Effectivement, défendre est un art tout aussi fin, délicat et subtil que celui d'attaquer. Dans ce sens, j'adorerais pouvoir placer nos unités défensives !

Continue comme ça, et n'hésite pas à développer tes compétences en essayant d'augmenter ta vitesse ! Tu pourras faire le mission commander

Je ne peux qu'appuyer ce commentaire...



Depuis plusieurs semaines, je lis des tas de documents "en ce sens" :

- US FM 100-60 ARMOR- AND MECHANIZED-BASED OPPOSING FORCE: ORGANIZATION GUIDE

- FM 100-63 INFANTRY-BASED OPPOSING FORCE ORGANIZATION GUIDE

- Us (mais mieux...) The russian way of the war

RWOTW in Syria lessons learned

Ce message a été modifié par Lynx - 27 Oct 2021, 19:17.

Merci beaucoup Giat pour tes éloges, c'est sympa (et courageux !) de ta part d'avoir pris le temps de lire mon pavé. J'avoue avoir un faible pour ce genre de missions où l'on retrouve certains enseignements ou hypothèses de travail des forces armées de l'époque. C'est super stimulant je trouve que DCS puisse servir d'outil pédagogique, ça me rappelle beaucoup l'expérience que j'ai en pratiquant des wargames.







Lynx, merci beaucoup pour le partage de la doc. Tavariche et moi t'avons croisé hier sur le Discord quand il diffusait ses tests à bord du A-10A mais nous ne t'avons jamais entendu - un problème de micro peut-être ?

J'ai essayé, mais ici je suis juste avec mon portable (sous OSX), et je n'ai pas compris, mon micro était ouvert et je voyais les votre fermés...
Je vais tester...

C'est marrant mais il y a également la même réflexion dans l'armée Française et cette année "scolaire" ont va se taper tout un tas d'exercice de lutte de haute intensité qui avait déjà commencé à la fin de la dernière sortie.

# Des heures à patienter avec un masque que des missiles factices viennent nous frapper et à envoyer et recevoir des avions à la chaîne.