Je n'ai effectivement pas lu le rapport en entier, et je n'ai pas le temps de fouiller dans ses moindres recoins.
En revanche, ce qu'il confirme bien, c'est que le scellement du destin a bel et bien été fait par une première action inappropriée qui a enclenché tout le reste. C'est à dire qu'avant d'avoir fait une analyse cohérente de la panne (ce que permettait une altitude élevée, tant que l'on a de l'eau sous la quille on a encore du temps devant soi), les pilotes ont focalisé sur une alarme (le PA qui redonne la main aux pilotes car il ne sait plus faire + une indication de vitesse erronée) et ont commencé lesdites actions. C'est effectivement une dérive des glass cockpits où les pilotes sont trop habitués à ce que ce soit le système qui leur dise ce qui ne va pas et leur présente la ou les solutions toutes faites via les EICAS.
Malheureusement, ce n'est pas si simple! Une indication de panne n'est qu'un symptôme, et c'est au pilote que doit échoir l'analyse et le diagnostic en recoupant les informations dont il dispose (pour notamment pallier celles qui lui font défaut). C'est à dire par exemple: alarme de décrochage et de chaine de vitesse défaillante, mais altitude inchangée, paramètres moteurs inchangés, assiette inchangée ---> il y a fort à parier que ce soit la chaine de détection qui soit HS et non pas l'avion qui soit en danger immédiat ----> recouper les informations par une chaine parallèle (GPS, centrale de navigation, et pourquoi pas top de Vs avec un DME, ou appel au contrôle, qui peut également mesurer la Gs du spot radar). Bref, les moyens ne manquent pas tant que l'on garde son sang froid. Mais effectivement, et cela rejoint ce que j'ai déjà dit: la formation et le training ne sont pas (ou n'étaient pas) adaptés, et ont effacé de la tête de nos pilotes le "bon sens paysan"
Ce même rapport pointe du doigt un soucis dans la présentation de l'alarme: le système d'alarme de décrochage passe hors domaine et dit donc amen, ce qui coupe l'alarme. Puis, lorsque fugacement les paramètres reviennent dans le domaine, le système réenclenche à nouveau l'alarme puisqu'il rentre de nouveau dans le domaine de fonctionnement de la logique de déclenchement et prend de nouveau en compte l'information de décrochage. Un tel système, si son fonctionnement logique est totalement "informatiquement" compréhensible, est une belle source d'erreur pour les pilotes, puisque lorsque le pilote fait des actions appropriées pour tenter de récupérer l'avion, le système d'alarme rentre à nouveau en fonctionnement, ce qui lui fait croire que ses actions sont inappropriées et donc le pousse a repartir dans les actions contraires qui empirent la situation, mais font taire l'alarme puisqu'elle "disjoncte". Ce point avait été signalé, et je suis d'accord avec toi pour dire qu'il est anormal que cela n'aie pas été pris en compte (tant du côté fabricant que du côté exploitant)
Au passage, le problème est le même pour le Fight Director: lorsque les informations sont jugées incorrectes les aiguilles s'effacent, même s'il est enclenché, il passe alors dans une sorte de mode Standby, ce qui fait qu'il réenclenche les aiguilles lorsqu'il est à nouveau dans son domaine de fonctionnement. De ce fait, et comme pour l'alarme de décrochage, il a présenté fugacement des informations au pilote lorsque ses action remettaient momentanément l'avion dans le domaine de fonctionnement du FD. Ceci, avec le reste a bien entendu contribué à semer le doute et l'incompréhension dans l’esprit des pilotes.
Bref, on en revient aux conclusions: formation et entrainement des pilotes inadaptés + situation improbable + failles d'ergonomie dans la présentation des informations. On a creusé des trous dans les plaques de Reason et l'effet tunnel a fait le reste.
Je suis d'accord que la formation de nos pilotes est plus longue que celle du civil (pas pas 2 fois... ) et quand au fait qu'ils passent 90% du temps à s'entrainer, je pense que tu confonds les pilotes de chasse avec les pilotes de transport: ces derniers ont une activité opérationnelle journalière, même si ce n'est pas sur des longs cours, mais les pilotes prennent quand même le temps de préparer eux-même leurs vols...